Connaissez-vous le test de la page 99 ? j'ai découvert ce principe sur Livraddict il y a quelques temps et j'ai trouvé la technique sympa pour savoir si un livre que l'on hésite à lire est susceptible de nous plaire ou non. Ci-dessous l'explication de ce test tirée de Wikipédia :
"Selon Ford Madox Ford (écrivain et éditeur anglais), à la page 99, qui se situe habituellement vers le quart ou le tiers d'un roman, les personnages et l'intrigue sont en place et le rythme et l'équilibre installés permettent au futur lecteur de juger s'il a envie ou non de lire l'ouvrage."
Bien sûr, si vous ne lisez que des pavés de 600 pages, la règle est légèrement faussée car l'action n'est alors pas forcément assez engagée. Depuis quelques temps, j'applique le test de la page 99 régulièrement. Surtout parce que je trouve souvent dans les boites à livres des ouvrages dont l'auteur m'est inconnu et dont fatalement je ne connais pas le style. Si la page 99 ne me plait pas, je repose le livre. Il y a peu, j'étais vraiment hésitante car le livre sortait totalement de ma zone de confort, la page 99 m'a convaincue de me lancer.
Je vous propose donc de découvrir chaque semaine la page 99 d'un livre que je n'ai pas encore lu. Certains ont "subi" ce test de ma part, d'autres non. J'espère en tout cas vous donner envie d'élargir vos lectures grâce à ces extraits !
Aujourd'hui : La page 99 de La femme du Vème de Douglas Kennedy.
"- Alors, pourquoi est-ce que tu... ? Pourquoi est-ce qu'"ils" ont besoin d'un veilleur de nuit ?
- Parce que, point final. Mais si tu as le moindre doute, mon ami, refuse le poste. Tu dois savoir quand même que c'est payé trois cent euros la semaine de six jours.
- Quoi ? Cinquante euros la nuit ?
- T'es fort en maths, toi ! C'est un peu plus de huit euros de l'heure, oui, et il n'y a rien à faire, à part rester assis à une table et répondre à l'interphone les rares fois où quelqu'un sonne en bas. Pas plus.
Il y avait plus, évidemment. Quelque chose de très inquiétant même dans cette proposition. Quelque chose qui pouvait se révéler dangereux, ou désastreux pour ma liberté à venir, même. Je le savais bien, mais c'était l'idée, aussi déprimante que rassurante, que rien ne comptait vraiment, qui l'a emporté. Lorsqu'on a été privé de tout ce qui "comptait" auparavant, quel intérêt y avait-il à se poser trop de questions et à craindre de tomber encore plus bas ? "Rien ne compte" : quelle idée libératrice ! Et quand rien ne compte, on peut tout risquer. Surtout si l'argent vient à manquer.
- J'aimerais mieux soixante-cinq euros la nuit, ai-je annoncé.
Kamal a esquissé un léger sourire. Il savait qu'il me tenait.
- Je suis sûr que tu préférerais, oui.
- A moins, je ne pourrais vraiment pas...
- Mais si. Tu pourras très bien.
- N'en sois pas si sûr.
- Tu pourras, parce que tu es au pied du mur.
Il n'y avait pas d'hostilité dans sa voix, ni de triomphalisme suffisant, mais seulement le froid constat d'une réalité. Je suis resté silencieux. Il a rempli à nouveau mon verre. Je l'ai bu sans tressaillir, l'alcool que j'avais déjà ingurgité ayant anesthésié ma gorge."