3. Toulon est votre ville natale, y revenez-vous plus souvent que Jane, l'héroïne de votre roman ?
5. Quel est votre auteur préféré ?
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Aujourd'hui, je partage le texte d'un slam de Grand corps malade que j'aime beaucoup. Il s'agit de Les voyages en train, où Grand corps malade compare ceux-ci aux histoires d'amour.
J'ai aimé ce texte dès le début, poétique, drôle et émouvant, évidemment, c'est encore mieux quand il est dit par l'auteur...
J'crois que les histoires d'amour c'est comme les voyages en train,
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j'aimerais en être un,
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare,
Pourquoi tu crois qu'on flippe autant d'arriver en retard.
Les trains démarrent souvent au moment où l'on s'y attend le moins,
Et l'histoire d'amour t'emporte sous l'oeil impuissant des témoins,
Les témoins c'est tes potes qui te disent au revoir sur le quai,
Ils regardent le train s'éloigner avec un sourire inquiet,
Toi aussi tu leur fais signe et tu imagines leurs commentaires,
Certains pensent que tu te plantes et que t'as pas les pieds sur terre,
Chacun y va de son pronostic sur la durée du voyage,
Pour la plupart le train va dérailler dès le premier orage.
Le grand amour change forcément ton comportement,
Dès le premier jour faut bien choisir ton compartiment,
Siège couloir ou contre la vitre il faut trouver la bonne place,
Tu choisis quoi une love story de première ou d'seconde classe ?
Dans les premiers kilomètres tu n'as d'yeux que pour son visage,
Tu calcules pas derrière la fenêtre le défilé des paysages,
Tu te sens vivant tu te sens léger tu ne vois pas passer l'heure,
T'es tellement bien que t'as presque envie d'embrasser le contrôleur.
Mais la magie ne dure qu'un temps et ton histoire bât de l'aile,
Toi tu te dis que tu n'y est pour rien et que c'est sa faute à elle,
Le ronronnement du train te saoule et chaque virage t'écoeure,
Faut que tu te lèves que tu marches tu vas te dégourdir le coeur.
Et le train ralentit et c'est déjà la fin de ton histoire,
En plus t'es comme un con tes potes sont restés à l'autre gare,
Tu dis au revoir à celle que tu appelleras désormais ton ex,
Dans son agenda sur ton nom elle va passer un coup de tipex.
C'est vrai que les histoires d'amour c'est comme les voyages en train,
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j'aimerais en être un,
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare,
Pourquoi tu crois qu'on flippe autant d'arriver en retard.
Pour beaucoup la vie se résume à essayer de monter dans le train,
A connaître ce qu'est l'amour et se découvrir plein d'entrain,
Pour beaucoup l'objectif est d'arriver à la bonne heure,
Pour réussir son voyage et avoir accès au bonheur.
Il est facile de prendre un train encore faut-il prendre le bon,
Moi je suis monté dans deux trois rames mais c'était pas le bon wagon,
Car les trains sont capricieux et certains sont innaccessibles,
Et je ne crois pas tout le temps qu'avec la SNCF c'est possible.
Il y a ceux pour qui les trains sont toujours en grèves,
Et leurs histoires d'amour n'existent que dans leurs rêves,
Et y'a ceux qui foncent dans le premier train sans faire attention,
Mais forcément ils descendront déçus à la prochaine station,
Y'a celles qui flippent de s'engager parce qu'elles sont trop émotives,
Pour elles c'est trop risqué de s'accrocher à la locomotive,
Et y'a les aventuriers qu'enchaînent voyages sur voyages,
Dès qu'une histoire est terminée ils attaquent une autre page.
Moi après mon seul vrai voyage j'ai souffert pendant des mois,
On s'est quitté d'un commun accord mais elle était plus d'accord que moi,
Depuis je traîne sur les quais je regarde les trains au départ,
Y'a des portes qui s'ouvrent mais dans une gare je me sens à part.
Il parait que les voyages en train finissent mal en général,
Si pour toi c'est le cas accroche-toi et garde le moral,
Car une chose est certaine y'aura toujours un terminus,
Maintenant tu es prévenu la prochaine fois tu prendras le bus.
Tout d'abord, je remercie Babélio et les éditions Serge Safran pour l'envoi de ce livre suite à ma participation à la masse critique de janvier 2018.
(Source : Editions Kero)
Alice Moine partage son temps entre l'écriture et son métier de chef monteuse pour la publicité et le cinéma.
Née à Toulon en 1971, elle abandonne ses études scientifiques et bifurque vers l’audiovisuel pour le plaisir de raconter des histoires. En 2007, elle suit l’Atelier Scénario de La Femis et participe à un marathon d’écriture au Festival des Scénaristes. Elle rédige alors ses premières nouvelles.
Voyageuse dans l’âme et amatrice d’émotions visuelles, littéraires, photographiques ou musicales, elle vit à Paris avec son mari, ses deux filles et son chat.
La femme de dos est son deuxième roman, après Faits d'hiver.
Pour en savoir plus sur Alice Moine et sur ce livre : Quelques questions à Alice Moine
Jane est directrice de casting, surnommée l'Oeil, son métier la passionne et l'anime. Un producteur la contacte pour qu'elle trouve une "perle rare". Telo Ruedigger, un artiste controversé, capable de détruire ses propres créations, recherche une actrice pour son prochain film : La femme de dos.
Alors que Jane prend connaissance du projet, sa mère tombe dans le coma. Elle doit alors quitter la région parisienne pour le Sud.
Ce retour dans la maison de son enfance "Les Vignettes", qui a servi de décor à un film de Téchiné replonge Jane dans un passé qui la perturbe.
Comment trouver "la perle" sans repenser au photographe de plateau dont elle tomba amoureuse, et dont l'oeuvre de Telo Ruedigger est si proche ? Quelle est la vérité sur l'accident dont Jane fut victime il y a presque 30 ans ? Comment renouer des liens avec sa mère avant qu'il ne soit trop tard ?
J'ai suivi l'histoire de Jane avec beaucoup de plaisir pour plusieurs raisons. Ce roman est très différent de ce que je lis habituellement et j'ai beaucoup aimé la plume de l'auteure. Les personnages sont attachants, bien dépeints, et les transitions se font facilement entre leurs histoires.
Les lieux sont aussi très importants dans ce livre, et ayant habité à Toulon, je situais sans effort les endroits cités.
On sent aussi que l'auteure travaille dans le milieu de l'image, les descriptions sont très graphiques. Tout au long de ma lecture, je pouvais sans peine voir les scènes se dérouler dans ma tête, et ce n'est pas quelque chose de courant lorsque je lis.
Entre quête d'amour (aussi bien maternel que celui d'un amour de jeunesse), d'un visage recherché avec obsession et de vérité, La femme de dos est un roman que j'ai eu beaucoup de mal à lâcher.
C'est une histoire dans laquelle chacun peut se reconnaître à un moment donné. Nous regrettons tous des non-dits, une histoire inachevée... et tout comme Jane, nous nous jetons à corps perdu dans ce qui nous détourne de ces regrets.
Vous l'aurez compris, je recommande vivement ce roman !
La plupart des romans que je lis habituellement sont des polars ou des thrillers. J'ai aimé avec ce livre me confronter à quelque chose de différent, ce qui m'a apporté une bouffée d'air frais.
Les chapitres sont assez courts, et il m'a été plusieurs fois difficile de fermer ce roman (j'ai même failli arriver en retard au travail !) Personnellement, je me suis vraiment attachée à Jane, aussi forte que fragile, à ses doutes et ses espoirs, et aussi ses déceptions.
Je conseille ce livre très fortement, surtout si vous cherchez à lire une histoire avec des personnages réalistes et attachants.
Pour cette troisième semaine, je vous propose un poème de Paul Eluard que j'ai découvert il y a peu. Je trouve ce texte rempli d'espoir, il fait un peu gris, et il donne de la lumière...
La nuit n'est jamais complète
La nuit n’est jamais complète.
Il y a toujours puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin,
une fenêtre ouverte,
une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille,
désir à combler,
faim à satisfaire,
un cœur généreux,
une main tendue,
une main ouverte,
des yeux attentifs,
une vie : la vie à se partager.
Aujourd'hui, je partage avec vous un texte de Jacques Prévert que j'aime beaucoup. Il s'agit du poème Le cancre, paru dans le recueil Paroles. J'ai trouvé une édition de Paroles de 1948 à la Fête du livre du Var de Toulon, et j'y ai retrouvé ce texte ainsi que beaucoup d'autres de Prévert, pas mal que je ne connaissais pas, et d'autres comme ce Cancre qui m'avait laissé un très bon souvenir.
Impossible pour moi de vous dire quand j'ai découvert ce poème, mais Prévert fera très certainement l'objet de plusieurs samedi poésie, car j'aime son regard, à la fois tendre et cruel sur l'homme.
Le cancre
Il dit non avec la tête
mails il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.
La poésie n'est pas forcément un genre facile à aborder, mais certains textes me touchent et m'accompagnent depuis des années. Il ne s'agit pas spécialement des fables de La Fontaine, mais de poésies de Victor Hugo, Paul Eluard, Jacques Prévert...
Je me suis donc dit qu'entre 2 chroniques de livres, mise à jour de challenges, etc., un rendez-vous régulier autour de la poésie est quelque chose qui me plait afin de partager de jolis mots qui m'ont touché, pour une raison ou une autre.
Je commence ce rendez-vous avec un texte de Victor Hugo que j'ai connu en terminale (le texte, pas Victor Hugo hein). Appris dans le cadre du club théâtre dont je faisais partie cette année-là, ce texte parle des mots que l'on prononce sur quelqu'un d'autre, croyant qu'ils n'atteindront jamais ses oreilles...
A l'époque des fake news et autres rumeurs dont l'internet est rempli, on peut dire que beaucoup devraient relire ce texte et en prendre de la graine !
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -
Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.