En ce samedi pascal, je ne vous propose pas un poème sur le chocolat (non, non, en plus je vous connais, vous êtes tous très gourmands, ça suffit maintenant !)
Aujourd'hui, je partage un texte de Marceline Desbordes-Valmore, je ne me souviens pas exactement de la première fois que j'ai lu cette poésie. Une chose est sure, je la connais depuis très longtemps et je l'ai aimée dès le début, j'espère qu'elle vous plaira aussi.
Les roses de Saadi
J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.
Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée... Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
Mary Higgins Clark : issue d'un milieu modeste, elle grandit en ayant perdu son père à l'âge de 10 ans, puis aidera sa famille en travaillant.
A 20 ans, elle se marie, écrit ensuite des scripts pour la radio et dirige sa propre société en 1980.
C'est en 1969 qu'elle publie son premier livre, une biographie romancée de George Washington, qui ne trouve pas son public.
Ce n'est qu'en 1975 qu'elle rencontre le succès avec La maison du guet, qui devient immédiatement un best-seller.
En 1977, la France découvre Mary Higgins Clark avec La nuit du renard.
A présent, Mary Higgins Clark écrit toujours, son dernier roman est La reine du bal, de nouveau en collaboration avec Alafair Burke.
Alafair Burke : elle est la fille de l'écrivain James Lee Burke. Elle-même auteure, elle écrit des romans policiers. L'affaire Cendrillon est le premier livre qu'elle a écrit en collaboration avec Mary Higgins Clark.
Ce que raconte ce livre et ce que j'en pense
Susan Dempsey, une brillante et charmante étudiante a été assassinée il y a 20 ans. Tout est réuni dans ce drame pour en faire le sujet de rêvé de Suspicion, une émission de télé-réalité qui rouvre des affaires non élucidées. Autour de la victime, les suspects ne manquaient pas : un célèbre réalisateur de films, un petit ami loin d'être parfait...
Bien décidée à élucider cette affaire, Laurie Moran, la productrice de l'émission, va tout mettre en oeuvre pour que justice soit faite. Mais pour que la vérité éclate, elle devra rester sur ses gardes tout en préservant un équilibre fragile dans sa vie...
Je n'avais pas lu de Mary Higgins Clark depuis longtemps et ce roman ne m'a pas convaincue. J'ai trouvé les personnages assez caricaturaux et prévisibles. L'idée de départ était bonne, mais il n'en ressort finalement rien d'original.
Laurie est bien sûr jolie, veuve éplorée et maman courage. Son père est un ancien policier (évidemment exemplaire), et un charmant avocat lui tourne autour. Oh, mais ne vous inquiétez pas, il attend sagement après elle.
Les autres personnages sont à l'image des héros, sans surprise. En fait, je suis vraiment étonnée qu'il ait fallu deux auteures pour écrire ce roman. Le quatrième de couverture parle d'un suspense étonnant, pour ma part, l'ennui m'a guetté... Il faut attendre presque 300 pages pour que l'action décolle, mais à aucun moment je n'ai été happée par l'histoire.
J'ai terminé ce livre par acquis de conscience, et même la fin ne m'a pas vraiment convaincue (En plus, j'ai trouvé les dernières pages assez mal traduites).
Pourquoi lire L'affaire Cendrillon ?
Si vous aimez regarder un téléfilm le dimanche après-midi pas trop prise de tête, ce livre est fait pour vous ! Ici, pas de description gore, de psychopathe ou de choses dérangeantes. Ce roman est 100% politiquement correct, c'est tout juste s'il n'y a pas une petite morale à la fin.
Mon avis est peut-être dur, mais honnêtement, si vous voulez lire un Mary Higgins Clark, préférez un livre plus ancien comme La nuit du renard.
Bonjour, aujourd'hui, j'ai encore choisi un texte de Jacques Prévert, mais il n'est pas très gai. Il s'agit de La grasse matinée. Evoquant la misère et la faim, avec ses mots à la fois justes et terribles, Prévert peint une société malheureusement toujours d'actualité.
La grasse matinée
Il est terrible le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim elle est terrible aussi la tête de l'homme la tête de l'homme qui a faim quand il se regarde à six heures du matin dans la glace du grand magasin une tête couleur de poussière ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde dans la vitrine de chez Potin
il s'en fout de sa tête l'homme il n'y pense pas il songe il imagine une autre tête une tête de veau par exemple avec une sauce de vinaigre ou une tête de n'importe quoi qui se mange et il remue doucement la mâchoire doucement et il grince des dents doucement car le monde se paye sa tête et il ne peut rien contre ce monde et il compte sur ses doigts un deux trois un deux trois cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé et il a beau se répéter depuis trois jours Ça ne peut pas durer ça dure trois jours trois nuits sans manger et derrière ces vitres ces pâtés ces bouteilles ces conserves poissons morts protégés par les boîtes boîtes protégées par les vitres vitres protégées par les flics flics protégées par la crainte que de barricades pour six malheureuses sardines… Un peu plus loin le bistrot café-crème et croissants chauds l'homme titube et dans l'intérieur de sa tête un brouillard de mots un brouillard de mots sardines à manger œuf dur café-crème café arrosé rhum café-crème café-crème café-crime arrosé sang !…
Un homme très estimé dans son quartier a été égorgé en plein jour l'assassin le vagabond lui a volé deux francs soit un café arrosé zéro franc soixante-dix deux tartines beurrées et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon. Il est terrible le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim.
Aujourd'hui, je vous propose un texte dont seule la dernière ligne est très connue... Personnellement, j'ai découvert ce texte dans son intégralité cette semaine et je l'ai trouvé toujours très actuel, bien qu'il ait été écrit en 1910.
Si... Rudyard Kipling
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour, Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre, Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter des sots, Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois, Et si tu peux aimer tous tes amis en frère, Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître, Sans jamais devenir sceptique ou destructeur, Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre, Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage, Si tu peux être brave et jamais imprudent, Si tu sais être bon, si tu sais être sage, Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Et recevoir ces deux menteurs d’un même front, Si tu peux conserver ton courage et ta tête Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis, Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire Tu seras un homme, mon fils.
Aujourd'hui, je vous propose un joli poème d'Aragon, j'adore le lilas, mais ce n'est pas juste pour ça que j'ai choisi ce texte. J'aime le mélange de rêve et de réalité, tout semble irréel et doux. J'espère que vous aimerez ce choix.
Les Lilas
Je rêve et je me réveille Dans une odeur de lilas De quel côté du sommeil T’ai-je ici laissé ou là ?
Je dormais dans ta mémoire Et tu m’oubliais tout bas Ou c’était l’inverse histoire Etais-je où tu n’étais pas ?
Je me rendors pour t’atteindre Au pays que tu songeas Rien n’y fait que fuir et feindre Toi tu l’as quitté déjà.
Dans la vie ou dans le songe Tout a cet étrange éclat Du parfum qui se prolonge Et d’un chant qui s’envola !
O claire nuit jour obscur Mon absente entre mes bras Et rien d’autre en moi ne dure
Aujourd'hui, je partage encore un poème de Jacques Prévert, et oui, encore lui mais il faut dire que je l'aime beaucoup... j'ai découvert ce texte il y a peu, comme souvent chez cet auteur, on oscille entre rêve et réalité, entre punaises et baisers...
Embrasse-moi
Jacques PRÉVERT
Recueil : « Histoires et d’autres histoires »
C’était dans un quartier de la ville lumière Où il fait toujours noir où il n’y a jamais d’air Et l’hiver comme l’été là c’est toujours l’hiver Elle était dans l’escalier Lui à côté d’elle elle à côté de lui C’était la nuit Ça sentait le souffre Car on avait tué des punaises dans l’après-midi Et elle lui disait Ici il fait noir Il n’y a pas d’air L’hiver comme l’été c’est toujours l’hiver Le soleil du bon dieu ne brill’ pas de notr’ côté Il a bien trop à faire dans les riches quartiers Serre-moi dans tes bras Embrasse-moi Embrasse-moi longtemps Embrasse-moi Plus tard il sera trop tard Notre vie c’est maintenant Ici on crèv’ de tout De chaud et de froid On gèle on étouffe On n’a pas d’air Si tu cessais de m’embrasser Il me semble que j’mourais étouffée T’as quinze ans j’en ai quinze A nous deux on a trente A trente ans on n’est plus des enfants On a bien l’âge de travailler On a bien celui de s’embrasser Plus tard il sera trop tard Notre vie c’est maintenant Embrasse-moi !