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Pour les amoureux de la lecture, des bibliothèques, des livres et des mots. Ce blog soutient les libraires indépendants ainsi que le boycott d'Amazon.

autour de la lecture

Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture

Bonjour, aujourd'hui, j'ai encore choisi un texte de Jacques Prévert, mais il n'est pas très gai. Il s'agit de La grasse matinée. Evoquant la misère et la faim, avec ses mots à la fois justes et terribles, Prévert peint une société malheureusement toujours d'actualité.

 

La grasse matinée

 

Il est terrible
le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l'homme
la tête de l'homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde
dans la vitrine de chez Potin

il s'en fout de sa tête l'homme
il n'y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n'importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête
et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours
Ça ne peut pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière ces vitres
ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégées par les flics
flics protégées par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines…
Un peu plus loin le bistrot
café-crème et croissants chauds
l'homme titube
et dans l'intérieur de sa tête
un brouillard de mots
un brouillard de mots
sardines à manger
œuf dur café-crème
café arrosé rhum
café-crème
café-crème
café-crime arrosé sang !…

Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
l'assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro franc soixante-dix
deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.
Il est terrible
le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim.

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Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture

Aujourd'hui, je vous propose un texte dont seule la dernière ligne est très connue... Personnellement, j'ai découvert ce texte dans son intégralité cette semaine et je l'ai trouvé toujours très actuel, bien qu'il ait été écrit en 1910.  

 

Si... Rudyard Kipling

 

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

 

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

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Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture

Aujourd'hui, je vous propose un joli poème d'Aragon, j'adore le lilas, mais ce n'est pas juste pour ça que j'ai choisi ce texte. J'aime le mélange de rêve et de réalité, tout semble irréel et doux. J'espère que vous aimerez ce choix.

 

Les Lilas

Je rêve et je me réveille
Dans une odeur de lilas
De quel côté du sommeil
T’ai-je ici laissé ou là ?

 

Je dormais dans ta mémoire
Et tu m’oubliais tout bas
Ou c’était l’inverse histoire
Etais-je où tu n’étais pas ?

 

Je me rendors pour t’atteindre
Au pays que tu songeas
Rien n’y fait que fuir et feindre
Toi tu l’as quitté déjà.

 

Dans la vie ou dans le songe
Tout a cet étrange éclat
Du parfum qui se prolonge
Et d’un chant qui s’envola !

 

O claire nuit jour obscur
Mon absente entre mes bras
Et rien d’autre en moi ne dure
Que ce que tu murmuras !

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Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture

Aujourd'hui, je partage encore un poème de Jacques Prévert, et oui, encore lui mais il faut dire que je l'aime beaucoup... j'ai découvert ce texte il y a peu, comme souvent chez cet auteur, on oscille entre rêve et réalité, entre punaises et baisers...

 

Embrasse-moi

 

Jacques PRÉVERT
Recueil : « Histoires et d’autres histoires »
 

C’était dans un quartier de la ville lumière
Où il fait toujours noir où il n’y a jamais d’air
Et l’hiver comme l’été là c’est toujours l’hiver
Elle était dans l’escalier
Lui à côté d’elle elle à côté de lui
C’était la nuit
Ça sentait le souffre
Car on avait tué des punaises dans l’après-midi
Et elle lui disait
Ici il fait noir
Il n’y a pas d’air
L’hiver comme l’été c’est toujours l’hiver
Le soleil du bon dieu ne brill’ pas de notr’ côté
Il a bien trop à faire dans les riches quartiers
Serre-moi dans tes bras
Embrasse-moi
Embrasse-moi longtemps
Embrasse-moi
Plus tard il sera trop tard
Notre vie c’est maintenant
Ici on crèv’ de tout
De chaud et de froid
On gèle on étouffe
On n’a pas d’air
Si tu cessais de m’embrasser
Il me semble que j’mourais étouffée
T’as quinze ans j’en ai quinze
A nous deux on a trente
A trente ans on n’est plus des enfants
On a bien l’âge de travailler
On a bien celui de s’embrasser
Plus tard il sera trop tard
Notre vie c’est maintenant
Embrasse-moi !

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Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture
En parallèle de ma chronique sur La femme de dos, j'ai contacté l'auteure, Alice Moine, qui a accepté de répondre à quelques questions.
Je la remercie pour sa disponibilité et sa gentillesse.
 
 
La femme de dos est votre deuxième roman, comment avez-vous eu l'idée de cette histoire ?
Cette histoire m’est arrivée d’un bloc. J’étais en vacances à Toulon en 2015 quand soudain ma mère  de 81 ans a été hospitalisée dans un état préoccupant qui nous laissait ma soeur et moi dans une grande inquiétude. Nous sommes toutes les deux parisiennes et travailleuses indépendantes, ce qui implique une disponibilité totale quelque que soient les contraintes familiales ou professionnelles qui nous assaillent. Nous avons donc tiré à pile ou face pour décider qui faisait quoi et résultat des courses, je devais rester au chevet de ma mère pendant que ma sœur rentrait à Paris pour travailler. Mes employeurs m’ont envoyé un disque dur pour que je travaille sur place (je montais alors un clip musical). Les jours suivants, je montais la nuit, je visitais ma mère le jour. Ce travail a été une sorte de soupape de soulagement salutaire dès que je sortais de l’hôpital. Je me réfugiais à plein régime dans la fabrication de ce clip. Je ne peux pas dire pourquoi mais ces jours-là seule dans l’appartement à travailler sans relâche, certains souvenirs intenses de mon adolescence toulonnaise ont ré-émergé. Les 400 coups qu’on faisait avec mes amies Maïlys ou Laurence ont resurgis. En bonne romancière en herbe, j’ai vrillé. Passé, présent, tout se mélangeait. Cette dose de folie a été une grande source d’inspiration pour ce second roman. Le personnage de Jane m’est apparu : une autre que moi, plus extrême, plus passionnelle, aussi concernée par son travail que je peux l’être et qui a enfoui son passé en prenant la fuite loin de son sud natal.
 
On sent dans votre écriture que vous travaillez dans le milieu de l'image, quelles sont vos sources d'inspiration visuelles ?
Comme je suis monteuse de films, mes sources d’inspiration sont tournées vers l’image cinématographique et photographique. Mais je suis également très sensible aux humains qui m’entourent, proches ou inconnus, une vraie mine d’or pour qui souhaite inventer des histoires… J’ai l’œil aiguisé et l’oreille perçante, pour ne pas dire l’inverse.

3. Toulon est votre ville natale, y revenez-vous plus souvent que Jane, l'héroïne de votre roman ?
Toulon est une ville singulière qui m’attire autant qu’elle m’agace depuis toujours. J’y reviens souvent, dès que possible à vrai dire. Je vais m’y ressourcer sur un paddle au large du Cap Brun, ma méditation à moi. J’adore regarder les couchers de soleil incroyables au dessus du fort Saint Louis en sirotant un spritz sur la terrasse de ma mère avant de savourer sa délicieuse cuisine. Quand je repars en train, je me sens encore plus gamine qu’à l’aller.
 
4. Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Je sors tout juste de Gabriële de Anne et Claire Berest, portrait fascinant dune femme précurseur, ni muse ni soumise, résolument libre. Une belle écriture à quatre mains de la part de ses descendantes qui lont à peine connue, et qui ne la jugent jamais. Un magnifique document dans lequel on a limpression de tutoyer Apollinaire et Marcel Duchamp en prenant de l’opium avec Picabia. Une bouffée d’air.

5. Quel est votre auteur préféré ?
A question impossible, réponse impossible.
Si vous souhaitez savoir vers qui j’aimerais tendre dans l'écriture, alors je dirais que Laura Kashischke est un de mes modèles littéraires.
 
6. Un mot pour vos lecteurs ?
Tout est dans les 352 pages que je vous invite à lire au plus vite ! Les seconds romans ont tellement besoin d’être soutenus, n’hésitez pas à l’acheter, et surtout le lire !

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Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture

Aujourd'hui, je partage le texte d'un slam de Grand corps malade que j'aime beaucoup. Il s'agit de Les voyages en train, où Grand corps malade compare ceux-ci aux histoires d'amour.

J'ai aimé ce texte dès le début, poétique, drôle et émouvant, évidemment, c'est encore mieux quand il est dit par l'auteur...

 

Les voyages en train

 

J'crois que les histoires d'amour c'est comme les voyages en train, 
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j'aimerais en être un, 
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare, 
Pourquoi tu crois qu'on flippe autant d'arriver en retard. 

Les trains démarrent souvent au moment où l'on s'y attend le moins, 
Et l'histoire d'amour t'emporte sous l'oeil impuissant des témoins, 
Les témoins c'est tes potes qui te disent au revoir sur le quai, 
Ils regardent le train s'éloigner avec un sourire inquiet, 
Toi aussi tu leur fais signe et tu imagines leurs commentaires, 
Certains pensent que tu te plantes et que t'as pas les pieds sur terre, 
Chacun y va de son pronostic sur la durée du voyage, 
Pour la plupart le train va dérailler dès le premier orage. 

Le grand amour change forcément ton comportement, 
Dès le premier jour faut bien choisir ton compartiment, 
Siège couloir ou contre la vitre il faut trouver la bonne place, 
Tu choisis quoi une love story de première ou d'seconde classe ?

Dans les premiers kilomètres tu n'as d'yeux que pour son visage, 
Tu calcules pas derrière la fenêtre le défilé des paysages, 
Tu te sens vivant tu te sens léger tu ne vois pas passer l'heure, 
T'es tellement bien que t'as presque envie d'embrasser le contrôleur. 

Mais la magie ne dure qu'un temps et ton histoire bât de l'aile, 
Toi tu te dis que tu n'y est pour rien et que c'est sa faute à  elle, 
Le ronronnement du train te saoule et chaque virage t'écoeure, 
Faut que tu te lèves que tu marches tu vas te dégourdir le coeur. 

Et le train ralentit et c'est déjà  la fin de ton histoire, 
En plus t'es comme un con tes potes sont restés à  l'autre gare, 
Tu dis au revoir à  celle que tu appelleras désormais ton ex, 
Dans son agenda sur ton nom elle va passer un coup de tipex. 

C'est vrai que les histoires d'amour c'est comme les voyages en train, 
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j'aimerais en être un, 
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare, 
Pourquoi tu crois qu'on flippe autant d'arriver en retard. 

Pour beaucoup la vie se résume à  essayer de monter dans le train, 
A connaître ce qu'est l'amour et se découvrir plein d'entrain, 
Pour beaucoup l'objectif est d'arriver à  la bonne heure, 
Pour réussir son voyage et avoir accès au bonheur. 

Il est facile de prendre un train encore faut-il prendre le bon, 
Moi je suis monté dans deux trois rames mais c'était pas le bon wagon, 
Car les trains sont capricieux et certains sont innaccessibles, 
Et je ne crois pas tout le temps qu'avec la SNCF c'est possible. 

 

Il y a ceux pour qui les trains sont toujours en grèves, 
Et leurs histoires d'amour n'existent que dans leurs rêves, 
Et y'a ceux qui foncent dans le premier train sans faire attention, 
Mais forcément ils descendront déçus à  la prochaine station, 
Y'a celles qui flippent de s'engager parce qu'elles sont trop émotives, 
Pour elles c'est trop risqué de s'accrocher à  la locomotive, 
Et y'a les aventuriers qu'enchaînent voyages sur voyages, 
Dès qu'une histoire est terminée ils attaquent une autre page. 

 

Moi après mon seul vrai voyage j'ai souffert pendant des mois, 
On s'est quitté d'un commun accord mais elle était plus d'accord que moi, 
Depuis je traîne sur les quais je regarde les trains au départ, 
Y'a des portes qui s'ouvrent mais dans une gare je me sens à part. 

Il parait que les voyages en train finissent mal en général, 
Si pour toi c'est le cas accroche-toi et garde le moral, 
Car une chose est certaine y'aura toujours un terminus, 
Maintenant tu es prévenu la prochaine fois tu prendras le bus.

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Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture

Pour cette troisième semaine, je vous propose un poème de Paul Eluard que j'ai découvert il y a peu. Je trouve ce texte rempli d'espoir, il fait un peu gris, et il donne de la lumière...

 

La nuit n'est jamais complète

 

La nuit n’est jamais complète. 
Il y a toujours puisque je le dis, 
Puisque je l’affirme, 
Au bout du chagrin, 
une fenêtre ouverte, 
une fenêtre éclairée. 
Il y a toujours un rêve qui veille, 
désir à combler, 
faim à satisfaire, 
un cœur généreux, 
une main tendue, 
une main ouverte, 
des yeux attentifs, 
une vie : la vie à se partager.

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Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture

Aujourd'hui, je partage avec vous un texte de Jacques Prévert que j'aime beaucoup. Il s'agit du poème Le cancre, paru dans le recueil Paroles. J'ai trouvé une édition de Paroles de 1948 à la Fête du livre du Var de Toulon, et j'y ai retrouvé ce texte ainsi que beaucoup d'autres de Prévert, pas mal que je ne connaissais pas, et d'autres comme ce Cancre qui m'avait laissé un très bon souvenir.

Impossible pour moi de vous dire quand j'ai découvert ce poème, mais Prévert fera très certainement l'objet de plusieurs samedi poésie, car j'aime son regard, à la fois tendre et cruel sur l'homme.

 

Le cancre

Il dit non avec la tête

mails il dit oui avec le coeur

il dit oui à ce qu'il aime

il dit non au professeur

il est debout

on le questionne

et tous les problèmes sont posés

soudain le fou rire le prend

et il efface tout

les chiffres et les mots

les dates et les noms

les phrases et les pièges

et malgré les menaces du maître

sous les huées des enfants prodiges

avec des craies de toutes les couleurs

sur le tableau noir du malheur

il dessine le visage du bonheur.

 

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Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture

La poésie n'est pas forcément un genre facile à aborder, mais certains textes me touchent et m'accompagnent depuis des années. Il ne s'agit pas spécialement des fables de La Fontaine, mais de poésies de Victor Hugo, Paul Eluard, Jacques Prévert...

Je me suis donc dit qu'entre 2 chroniques de livres, mise à jour de challenges, etc., un rendez-vous régulier autour de la poésie est quelque chose qui me plait afin de partager de jolis mots qui m'ont touché, pour une raison ou une autre.

Je commence ce rendez-vous avec un texte de Victor Hugo que j'ai connu en terminale (le texte, pas Victor Hugo hein). Appris dans le cadre du club théâtre dont je faisais partie cette année-là, ce texte parle des mots que l'on prononce sur quelqu'un d'autre, croyant qu'ils n'atteindront jamais ses oreilles...

A l'époque des fake news et autres rumeurs dont l'internet est rempli, on peut dire que beaucoup devraient relire ce texte et en prendre de la graine !

Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas 
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :

Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire, 
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe, 
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face, 
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -

Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

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Publié le par Agnès
Publié dans : #Autour de la lecture

La Fête du livre du Var a fêté ses 20 ans du 17 au 19 novembre 2017 à Toulon.

Depuis que j'habite dans le Sud, j'ai rarement raté ce rendez-vous incontournable, environ 300 auteurs sont invités chaque année et il y en a pour tous les goûts !

Cette année, pour les 20 ans, Douglas Kennedy était président d'honneur et on pouvait avoir le plaisir de rencontrer au fil des jours Enki Bilal, Alexandre Jardin, Véronique Olmi, Mazarine Pingeot, Frank Thilliez, Karine Giebel...

Cette fête du livre s'organise autour de libraires du Var, les librairies Charlemagne, très actives dans ce département sont très représentées. On trouve aussi des libraires spécialisées dans la jeunesse, la BD ou régionalistes... ainsi que des bouquinistes.

Autant vous dire que je guette avec impatience chaque année la liste des auteurs présents (au passage, Michel Bussi, si par hasard vous me lisez, venez un jour, s'il vous plait !!) Je n'avais pas spécialement de rencontre me tenant très à coeur cette année, à part Alexandre Jardin, mais malheureusement, il était présent uniquement le dimanche et nous avions prévu d'y aller le samedi.

Pour commencer, je précise que nous avons pris le bateau-bus pour y aller, et ça, c'est déjà un super moment, je préfère ça à m'entasser dans le métro pour aller Porte de Versailles, oui oui !

Une fois arrivés, le photographe officiel du blog est parti dans la (longue) file d'attente formée pour obtenir un dessin d'Enki Bilal.

Pour ma part, je décide de parcourir les allées en quête d'un livre qui me donnerait envie de l'acheter. En peu de temps, je me retrouve devant l'auteur Michaël Uras, et je m'attarde d'abord sur "Nos souvenirs flottent dans une mare poisseuse", assez intriguée par le titre. Ce petit arrêt me permet d'engager la conversation avec l'auteur, et de fil en aiguille, je regarde un de ses autres livres : "Aux petits mots les grands remèdes" sur lequel un large bandeau donne l'avis d'Amélie Nothomb. Je dévie alors sur elle avec Michaël Uras qui me dit d'un air à la fois fier et timide qu'elle est adorable et le soutient depuis le début. Ce livre parlant d'un bibliothérapeute qui prescrit des lectures à ses patients m'a tout de suite attiré et je suis repartie avec une dédicace très sympa. (Et j'ai même osé donner l'adresse de mon blog à cet auteur que je remercie en passant pour son écoute et sa gentillesse). 

Mon photographe ayant enfin obtenu son dessin, après avoir croisé quelques connaissances (dédicace à Liam et ses livres sur les dinosaures), nous nous dirigeons vers les bouquinistes.

L'atelier du graveur

J'aime beaucoup les librairies présentes à cette fête du livre, mais j'avoue que j'ai une tendresse particulière pour les bouquinistes.

Fouiner sur un stand, faire une trouvaille inattendue, tomber sur la vieille édition d'un livre que j'aime... 

Et d'ailleurs, j'ai trouvé une édition de Paroles de Jacques Prévert, une de 1947 des Editions du point du jour. Un de ces livres aux pages totalement inégales, vieillies, avec cette odeur particulière qu'ont les vieux bouquins. *Bonheur* !!!

Nous restons sur ces stands quelques temps, furetant un peu partout, et mon photographe a fini par trouver un album pas très récent d'Enki Bilal qui sera ensuite orné lui aussi d'un dessin (la file d'attente était alors quasi-nulle).

Après cette incursion dans le monde des bouquinistes et après avoir admiré l'atelier de graveur présent, nous retournons sur les stands des libraires.

Avant notre petit tour dans les livres d'occasion, nous avions constaté que Frank Thilliez n'était pas présent physiquement mais... il était revenu entre-temps.

Je n'ai encore jamais lu de Thilliez mais cet auteur m'ayant été recommandé pas mal de fois ces dernières semaines, j'ai hésité peu de temps avant de me lancer pour obtenir une dédicace. J'ai choisi "Rêver" car le résumé m'a bien plu et après un petit peu d'attente j'ai pu obtenir mon petit mot.

Frank Thilliez a chaud, mais il sourit quand même :)

Je ne me suis pas trop attardée et je ne l'ai pas trop embêté, je lui ai juste dit que ce livre serait ma première lecture de lui. 

Même s'il était plus difficile d'avoir un vrai échange avec Frank Thilliez, je l'ai trouvé très agréable et sympa.

Tous ces livres... que de tentations !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous nous sommes ensuite dirigés vers la sortie, et honnêtement, même si je n'ai acheté que 3 livres et vraiment échangé avec un seul auteur, j'étais très contente de cet après-midi. 

Il y avait beaucoup de monde sous le chapiteau, mais je trouve que les allées donnent moins une sensation d'oppression qu'auparavant. La diversité des auteurs et illustrateurs présents est vraiment toujours d'un très bon niveau. Que vous vouliez rencontrer des écrivains connus ou plus confidentiels, il y en a pour tous les goûts. En plus, les ateliers, espaces pour enfants, animations.. se multiplient autour de cet événement et c'est un très bon moyen de prolonger cette plongée dans le monde des livres.

A l'année prochaine pour les 21 ans !

 

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