Un mot sur l'auteur
Douglas Kennedy est un auteur américain qui dénonce dans ses livres certains aspects des Etats-Unis, notamment le puritanisme religieux.
Il grandit aux Etats-Unis, mais suite à un voyage à Dublin en 1977, il décide de rester vivre en Europe.
Tout d'abord, il écrit des pièces de théâtre radiophoniques qui rencontrent un certain succès.
En 1983, il change de voie et se consacre exclusivement à l'écriture. En parallèle, il tient une rubrique dans l'Irish Times.
En 1988, il emménage à Londres et publie ses premiers livres sa carrière de journaliste indépendant connaît alors un réel essor.
C'est avec le roman L'homme qui voulait vivre sa vie que son succès devient international.
Depuis, Douglas Kennedy continue de publier régulièrement.
Son écriture évoque avec précision les relations humaines, le cheminement de chacun, le destin, les doutes... tout ce qui est la nature profonde de l'homme.
Amoureux de la France où il réside partiellement, il était le Président d'honneur de la 20ème édition de la Fête du livre du Var.
Ce que raconte ce livre et ce que j'en pense
Hannah Buchan est une jeune fille sage. Ses parents, eux, sont plutôt hors-normes : un père, brillant professeur résolument contestataire et fervent opposant à la guerre du Vietnam, une mère artiste, dépourvue de tendresse envers elle et adepte du sarcasme. Est-ce parce qu'ils sont si différents que Hannah semble résolue à vivre sans faire de vagues ?
Alors qu'elle pourrait prétendre à un avenir brillant, elle se marie jeune et s'installe dans une petite ville avec son mari médecin, Dan.
Cependant, un faux pas va faire basculer ce quotidien tellement ordinaire.
Trente ans plus tard, alors que Hannah avait tout fait pour que son erreur ne soit jamais découverte, une suite d'évènements va tout faire émerger et sa vie rangée s'en trouvera à jamais changée.
Ici, pas de meurtre, pas de rebondissements improbables. Nous suivons Hannah durant la fin de ses études, son installation et son mariage avec Dan. Et franchement, cette Hannah, parfois, on aimerait la secouer ! Certes, sa mère est particulièrement horripilante, et elle semble totalement écrasée par le charisme de son père. Mais quand même, dans le genre prise de risque minimale, elle se pose là.
Alors, quand vient le fameux moment où elle dérape, on a presque envie de lui dire : "Allez, profites-en, ouvre les yeux et sors-toi de là !" Au lieu de ça, que fait notre Hannah ? elle s'auto-flagelle et s'enfonce de plus belle dans sa petite vie. Ne pas déranger, surtout.
Lorsqu'on la retrouve 30 ans plus tard, quelques détails m'ont agréablement surprise. Mais on est loin de retrouver une héroïne transformée.
Puis, sa vie sombre tout à coup dans le chaos le plus total, et à part son amie de toujours, Margy, et son père, elle ne trouve de soutien en personne.
Franchement, j'ai aimé la suivre pendant toutes ces années et ses sentiments sont très bien rendus.
Ce qui est très fort avec Douglas Kennedy, c'est qu'il arrive à nous communiquer le "gâchis" dans le de destin de son héroïne.
Malgré tous ses efforts, Hannah n'a pas vraiment réussi sa vie. Ses réflexions sur le bonheur sont plutôt déprimantes. A force de concessions, de privations, elle s'est tellement oubliée que même sa famille ne semble pas se rendre compte de sa valeur.
A travers Hannah, nous vivons également l'histoire de l'Amérique, avec ses ambiguïtés, ses particularités et ses paradoxes. Et Dieu sait que ce pays est rempli de contradictions... encore une fois, Douglas Kennedy ne cache rien. La vie dans ces villes minuscules du Maine, les voisins qui épient les moindres faits et gestes, la morale bien pensante...
Tout cela forme un roman très cohérent, très agréable à lire et riche d'enseignement.
Pourquoi lire Les charmes discrets de la vie conjugale ?
J'ai parfois lu certaines critiques qui reprochaient à ce livre d'être lent. Souvent, on disait qu'il ne se passe pas grand chose pendant la première partie. Faux ! Evidemment, ce n'est pas un thriller, mais d'un point de vue psychologique, tout est là !
D'abord, prenez la relation de Hannah avec sa mère : compliquée, pleine de rancœur, et décrite avec tellement de justesse.
De même, celle avec son père, qui, si elle est plus apaisée, n'en est pas moins difficile à vivre.
Enfin, examinez celle qu'elle a avec Dan, et vous verrez que Douglas Kennedy est un grand écrivain.
Ses personnages sont vivants, vraiment. Au fil de ma lecture, il y en a que j'ai franchement détesté, aucune ne m'a laissée indifférente, et ça, c'est la preuve qu'il faut lire ce roman !