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Pour les amoureux de la lecture, des bibliothèques, des livres et des mots. Ce blog soutient les libraires indépendants ainsi que le boycott d'Amazon.

Publié le par Agnès
Publié dans : #Lectures, #Occupation, #Paris

Un mot sur l'auteur

 

Ma première "rencontre" avec Nicolas d'Estienne d'Orves a eu lieu au début de 2022, avec Les Orphelins du Mal, et on ne peut pas dire que c'était une totale réussite (cf ma chronique). Cependant, j'avais trouvé un autre roman de lui dans une boite à livres, aussi lui ai-je redonné une chance, et j'ai bien fait !

 

Ce que raconte ce livre et ce que j'en pense

 

Guillaume Berkeley et son frère, Victor, vivent depuis toujours à Malderney, une île franco-anglaise. Leurs vies quelque peu monotones sont éclairées par les visites estivales de Simon Bloch, un producteur parisien qui les a pris en affection et tente de les ouvrir au monde.

 

Cependant, la guerre vient bientôt bouleverser leurs existences, ainsi que l'arrivée de Pauline, la fille de leur beau-père.

 

Entre rivalité fraternelle et quête d'un autre avenir, Guillaume découvrira en quittant Malderney que son destin ne fait de lui qu'un pion dans le jeu d'un conflit mondial dont il ne maitrise aucune règle.

 

Tout d'abord, je dois dire que j'ai été séduite par les personnalités des protagonistes de ce livre, qui sont beaucoup plus travaillées que dans Les Orphelins du Mal. Ce roman date de 2012, soit 5 ans après celui que j'ai lu précédemment et l'écriture est beaucoup plus travaillée.

 

Lorsque Guillaume se retrouve à Paris, lui qui a toujours vécu dans le cocon de Malderney, on suit son émerveillement, sa soif de tout connaitre, de tout voir est touchante.

 

Puis la guerre est là, les allemands s'installent, Paris se méfie, s'adapte, fait avec... et Guillaume, qui se retrouve face à une nouvelle situation inconnue, se laisse porter par les évènements. Presque par hasard, il devient collaborateur et protège ainsi ses arrières.

 

C'est là où le lecteur qui voit cette intrigue avec les yeux et les connaissances que nous avons de la seconde guerre mondiale, peut bien sûr être choqué, juger, penser "jamais je n'aurais fait cela". Et pourtant, qu'en savons-nous vraiment ? Peut-on réellement condamner Guillaume ? Aurions-nous eu le courage, à sa place, d'agir autrement qu'il le fait ?

 

Puis, encore une fois, les cartes sont redistribuées, et Guillaume devient résistant, toujours par la force des choses.

 

Et finalement, ce "héros" n'est pas aussi flamboyant, car cet homme, son devenir, ne sont que les conséquences d'actes dont il ne maitrise finalement pas grand-chose.

 

En nous présentant Guillaume, Nicolas d'Estienne d'Orves nous met face à nos propres contradictions. Sommes-nous les initiateurs de notre destin ou nous laissons-nous influencer par notre entourage sans réel libre arbitre ?

 

Jusqu'au bout de ce roman, l'auteur entretient cette troublante ambiguïté, car parfois, on se prend à éprouver de la sympathie pour des personnages abjects, en nous montrant tout simplement leur point de vue. 

 

Pour terminer, j'ajoute que je n'avais pas du tout vu venir la fin, bravo à l'auteur, car surprendre les lecteurs de cette manière jusqu'aux toutes dernières pages est assez rare pour être souligné.

 

Pourquoi lire Les fidélités successives ?

 

Si la période de l'Occupation, particulièrement à Paris, vous intéresse, ce roman la décrit de façon saisissante, avec de multiples détails.

 

C'est un roman qui peut parfois être malaisant, cependant c'est une nécessité, car il montre bien que l'on  peut basculer de collaborateur à résistant, et que tout n'est pas blanc ou noir.

 

C'est, quelque part, une sacrée leçon d'humilité.

 

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