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Publié le par Agnès
Publié dans : #Lectures

Tout d'abord, je tiens à remercie Babélio et les Editions Seuil pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

 

Un mot sur l'auteur

 

Christy Lefteri est née à Londres de parents chypriotes. Elle anime un atelier d'écriture à l'université Brunel. L'apiculteur d'Alep, son deuxième roman, lui a été inspiré par son travail de bénévole dans un camp de migrants à Athènes.

 

Ce que raconte ce livre et ce que j'en pense

 

Nuri et Afra vivent heureux à Alep avec leur fils Sami. Nuri est apiculteur, il adore son travail qu'il exerce avec son cousin Mustafa qui lui a tout appris. Afra est peintre et vend ses tableaux dans la région.

 

La guerre vient bouleverser leurs vies, et leur arrache tout ce qu'ils ont de plus cher... Il faut fuir, même si Afra refuse obstinément de partir.

 

D'Alep à l'Angleterre, le chemin est long et les obstacles nombreux. De rencontres plus ou moins amicales en lieux où la survie est omniprésente, Nuri et Afra vont apprendre à se reconstruire, malgré tout.

 

Cette masse critique privilégiée m'est arrivée dans le contexte particulier du confinement. Et, je peux le dire, ce roman m'a touché au plus haut point. Jusqu'ici, j''avais évité soigneusement les lectures parlant des réfugiés bien que j'ai Entre deux mondes et On la trouvait plutôt jolie dans ma pile à lire. L'écriture de Christy Lefteri est très poétique et descriptive. Je me trouvais avec Nuri devant ses ruches, je pouvais presque entendre les abeilles... mais aussi sentir la terreur lorsque Nuri et Afra embarquent dans un canot pour traverser la Méditerrannée.

 

De plus, l'auteure utilise un procédé particulier pour faire le lien entre le présent et le passé. La phrase de transition commence dans le présent, puis 2 ou 3 mots figurent en caractères gras sur la page suivante, et la phrase se termine dans le passé.

 

Si la première fois on est étonné par cette façon de faire, pour ma part, je la trouve très astucieuse. Les mots en gras ramènent Nuri dans ce qui est arrivé auparavant, tout comme cela peut nous arriver dans la vie quotidienne lorsqu'un mot nous rappelle un souvenir précis.

 

J'ai aimé les personnages profondément, chacun a son histoire, et qu'ils soient bons ou mauvais, ils sont assez nuancés pour être tout à fait réalistes. La relation de Nuri avec son cousin Mustafa, qui est plutôt fraternelle est extrêmement émouvante. Quant à celle qu'il a avec Afra, on sent durant tout le livre qu'il y a de l'amour, mais aussi de l'éloignement, des non-dits, des zones d'ombre... Leur fuite d'Alep et leur exil forcé les ont rendus presque étrangers l'un à l'autre tant leurs vies ont changé.

 

En lisant leur histoire, on a juste envie qu'ils puissent enfin réussir à avancer, à se retrouver, à vivre, tout simplement.

 

Le stress post-traumatique est également très bien évoqué, Nuri est entraîné dans une spirale infernale de rêves étranges mêlés à des visions. Afra, pour sa part, ne peut plus voir et est enfermée dans son monde intérieur.

 

Autour d'eux, chacun essaie de faire au mieux, les bénévoles en aidant les réfugiés, et la plupart des réfugiés en se soutenant. Mais bien sûr, il y a toujours les profiteurs : entre autre les passeurs qui demandent des sommes d'argent conséquentes ou qui embauchent les gens pour des boulots illégaux afin de payer leur voyage. Tout un monde parallèle, mais dans lequel il faut s'intégrer afin d'atteindre son but final et retrouver au moins un semblant de liberté.

 

Parfois l'espoir s'amenuise, et on sent qu'il est difficile de le garder lorsqu'on a tout perdu, ou presque. L'instinct de survie a beau être fort, les fantômes, les souvenirs, sont parfois trop douloureux pour que l'esprit les supporte.

Pourquoi lire L'apiculteur d'Alep ?

 

Pour se rendre compte que nous avons de la chance, même confinés alors que le soleil brille. Un virus nous menace, mais nous pouvons le combattre, juste en restant chez nous. Aucune bombe ne risque de nous tomber dessus, et si certains ont fuit, dans quelques semaines ils retrouveront leur maison. Pour la plupart d'entre nous, nous reprendront nos vies d'avant, comme si de rien n'était.

 

Pour des Nuri ou des Afra, la vie ne sera plus jamais la même. J'ai fini ce livre en pleurs, bouleversée par cette histoire poignante aussi triste que belle, et que je ne peux que recommander. 

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