Connaissez-vous le test de la page 99 ? j'ai découvert ce principe sur Livraddict il y a quelques temps et j'ai trouvé la technique sympa pour savoir si un livre que l'on hésite à lire est susceptible de nous plaire ou non. Ci-dessous l'explication de ce test tirée de Wikipédia :
"Selon Ford Madox Ford (écrivain et éditeur anglais), à la page 99, qui se situe habituellement vers le quart ou le tiers d'un roman, les personnages et l'intrigue sont en place et le rythme et l'équilibre installés permettent au futur lecteur de juger s'il a envie ou non de lire l'ouvrage."
Bien sûr, si vous ne lisez que des pavés de 600 pages, la règle est légèrement faussée car l'action n'est alors pas forcément assez engagée. Cependant, cela donne toute de même une idée un peu plus précise de ce qui peut nous plaire ou non dans une histoire. Depuis quelques temps, j'applique le test de la page 99 régulièrement. Surtout parce que je trouve souvent dans les boites à livres des ouvrages dont l'auteur m'est inconnu et dont fatalement je ne connais pas le style. Si la page 99 ne me plait pas, je repose le livre. Il y a peu, j'étais vraiment hésitante car le livre sortait totalement de ma zone de confort, la page 99 m'a convaincue de me lancer.
Je vous propose donc de découvrir chaque semaine la page 99 d'un livre que je n'ai pas encore lu. Certains ont "subi" ce test de ma part, d'autres non. J'espère en tout cas vous donner envie d'élargir vos lectures grâce à ces extraits !
Aujourd'hui, la page 99 de Une vie pour deux de Marie Cardinal
"Elle avait l'air de bien le connaître et de lui trouver des défauts : ses retards, ses oublis, sa maladresse, son manque d'organisation et de soins. C'est par cette voix que j'ai commencé à avoir de la sympathie pour cet homme. Il lui répondait comme un petit garçon : "Je ne recommencerai plus.", "Je ferai attention", "Je n'oublierai pas", "Je m'excuse", "Ce n'est pas de ma faute", "Je ne l'ai pas fait exprès". J'ai découvert qu'il était gentil, ce que son apparence ne laissait pas prévoir. Car il était grand et lourd avec un visage fermé, une parole bourrue et un regard difficile à capter qui avait été, en grande partie, cause du dégoût que j'éprouvais pour lui au début. Je le croyais lâche et j'ai découvert qu'il était surtout timide.
Finalement, les mois passant, j'aimais bien venir là. Et lui aussi aimait bien que je vienne. J'avais pris une place importante dans son travail. Il me donnait à faire de la documentation.
Or pour bien comprendre ce qu'il attendait de moi il fallait que je sache exactement quel était le sens de sa recherche et je m'y appliquais. Ainsi, au bout de deux ans, je connaissais son travail aussi bien que lui-même, j'étais incorporée à son travail. J'étais devenue un être à part dans sa vie, un être humain qui participait de son oeuvre, un peu comme un dictionnaire vivant, une bibliothèque avec des cicatrices, un stylo à pattes, du papier à cheveux, un classeur avec une cervelle, une lampe de bureau avec un coeur. Un jour j'ai compris que je lui étais indispensable mais lui ne l'avait pas compris. Je faisais partie de sa création au même titre que les dossiers qu'il noircissait. Il pensait qu'il pouvait me manipuler comme il manipulait son matériel de bureau. Il ne se rendait pas compte qu'en dehors de l'amitié que j'éprouvais pour lui maintenant, il était aussi mon gagne-pain et que mon idéal n'était pas de faire ce travail jusqu'à la fin de mes jours."