Le test de la page 99 - Qui ? de Jacques Expert

Connaissez-vous le test de la page 99 ? j'ai découvert ce principe sur Livraddict il y a quelques temps et j'ai trouvé la technique sympa pour savoir si un livre que l'on hésite à lire est susceptible de nous plaire ou non. Ci-dessous l'explication de ce test tirée de Wikipédia :

"Selon Ford Madox Ford (écrivain et éditeur anglais), à la page 99, qui se situe habituellement vers le quart ou le tiers d'un roman, les personnages et l'intrigue sont en place et le rythme et l'équilibre installés permettent au futur lecteur de juger s'il a envie ou non de lire l'ouvrage."

Bien sûr, si vous ne lisez que des pavés de 600 pages, la règle est légèrement faussée car l'action n'est alors pas forcément assez engagée. Cependant, cela donne toute de même une idée un peu plus précise de ce qui peut nous plaire ou non dans une histoire. Depuis quelques temps, j'applique le test de la page 99 régulièrement. Surtout parce que je trouve souvent dans les boites à livres des ouvrages dont l'auteur m'est inconnu et dont fatalement je ne connais pas le style. Si la page 99 ne me plait pas, je repose le livre. Il y a peu, j'étais vraiment hésitante car le livre sortait totalement de ma zone de confort, la page 99 m'a convaincue de me lancer.

Je vous propose donc de découvrir chaque semaine la page 99 d'un livre que je n'ai pas encore lu. Certains ont "subi" ce test de ma part, d'autres non. J'espère en tout cas vous donner envie d'élargir vos lectures grâce à ces extraits ! 

Aujourd'hui : La page 99 de Qui ? de Jacques Expert

"Mais cela pouvait être mis sur le compte de la fatigue, et, en définitive, il avait réussi à bien donner le change.

A un moment, son groupe était passé si près qu'il avait aperçu le tas de branchages sous lequel il avait dissimulé la petite. Le type à sa gauche avait surpris son regard. Avait-il vu quelque chose ? Lorsqu'il avait braqué sa lampe de poche en direction des branchages, il s'était dit que c'était foutu. Mais il n'avait pas perdu son sang-froid et avait légèrement bousculé le type, feignant de perdre l'équilibre, lui intimant d'avancer dans un grognement. Le faisceau de la lampe avait dévié sur le tronc d'un pin et le gars n'avait rien remarqué. Devant eux, le gendarme excitait son chien, inlassablement : "Cherche, cherche !", mais le clébard n'avait rien senti. La pluie, s'était-il rassuré, avait dû effacer toutes les odeurs.

C'est l'instant d'après, alors qu'ils avançaient sur le sentier, qu'il avait repéré les traces laissées par les pneus de sa voiture dans la terre meuble. Il était bientôt minuit, et pour la deuxième fois de la soirée, comme lorsque le berger allemand s'était approché de son break, il s'était senti saisi d'une peur glacée. Les empreintes étaient parfaitement identifiables, il suffisait de les relever et on remonterait jusqu'à lui. Il avait vu ça à la télé, c'est toujours ainsi que les criminels étaient identifiés. Il croyait avoir pensé à tout, mais il avait oublié ça.

Il s'était vu en un éclair arrêté, mis au ban, honni de tous. Rejeté des siens, de sa famille. Regardé comme un monstre, lui, que tout le monde appréciait...

Mais il s'était ressaisi rapidement. Il était solide, finalement, il avait de la ressource !

Il était parvenu à éloigner le groupe, remontant à la hauteur du gendarme et de son chien, pour indiquer un gros bosquet, un peu à l'écart."